Insaisissable et irrésistible, la musique nous plonge dans une obscurité qui doit autant au crépuscule du vieux monde qu’à l’aube des grands espaces où crépitent de furieuses danses de joie.
Grincements d’archet et matières coincées dans les cordes, saturation et percussion d’objets incongrus, tourneries fiévreuses et chœurs psychédéliques sont les agréments de cette transe tout en nuances. Poèmes, manifestes, rêves ou cauchemars, il se pourrait au fond que les chansons ne parlent que de la réalité, celle dont Philip K. Dick disait qu’elle «continue d’exister même lorsqu’on cesse d’y croire».
Traquant inlassablement la magie du presque rien, voilà 15 ans que L’Étrangleuse compose la bande son modale et hors modes d’un long rêve éveillé, puisant son inspiration dans les airs traditionnels d’un pays qui n’existe pas.
Le duo originel, formé par Mélanie Virot, harpiste classique habituée à promener son imposant instrument loin de ses contextes habituels et non amplifiés, croisant danse contemporaine et musiques improvisées, et Maël Salètes, vétéran d’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp et complice de longue date de la chanteuse somalilandaise Sahra Halgan, a publié 3 albums et joué plus de 300 concerts, dans des squats européens minuscules, des granges, des greniers, des scènes et festivals prestigieux comme les Suds à Arles, No Border, le festival du Péristyle-Opéra Underground ou encore les Nuits de Fourvière et les Nuits Sonores.
Avec un quatrième album en juin 2024, le premier en quatuor, L’Étrangleuse dynamite le post-rock de chambre des origines avec Anne Godefert, bassiste et chanteuse issue des musiques électroniques, et Léo Dumont, batteur-objetiste coutumier des audaces sonores (Chromb, Pixvae, An Pagay, Polymorphie…).
Sur scène, les morceaux s’étirent, le son du groupe captive les cœurs dans une rêverie contemplative et entraîne inexorablement les corps dans une danse frénétique.