Akira & le Sabbat échappe à toute définition de genres. Un tourbillon queer mêlant le rap, le rock, la techno, l’electro...
Les six membres de ce collectif hors norme abordent leur vingtaine les poings serrés, et transforment leur rage en un besoin frénétique de danse, de transe, et de mots qui claquent comme des pavés.
L'histoire d'Akira et le sabbat
Nous sommes six. Océan (alias Akira), Eden, Valentine, Elric, Jules, Lucie. Nous nous sommes rencontré∙es, reconnu∙es, au fil de ces quatre dernières années, entre Chaumont et Lyon.
À l’origine, nous étions trois ami∙es de lycée à Chaumont, en Haute-Marne. Océan, Eden et Valentine. Nous étions trois lycéen∙nes qui trouvions que la vie s’égrainait bien lentement dans cette commune rurale. On jurait avec le paysage. Nos coiffures, nos vêtements, nos maquillages, rien ne cadrait, on choquait malgré nous partout, tout le temps.
À la fin du lycée nous avons rencontré Elric, de peu notre ainé. Sa guitare et lui ont rejoint notre petite bande. On a commencé à faire de la musique, crier dans des micros. On ne pensait plus qu'à ça. Enfin, quelque chose vibrait. Dès que possible, nous voulions vivre dans une grande ville, là où nous sentions que la vie grouillait. Nous nous sommes installé∙es à Lyon fin 2019, en quête d’un présent plus intense. Nous y avons rencontré Lucie et Jules, dont l’état d’esprit était en tout point similaire au nôtre. Akira & le Sabbat est né ainsi.
Toustes les six, nous avons écouté énormément, énormément de musique. Beaucoup de courants différents, pour la plupart empreints de colère, de rage de vivre, d’envie de bousculer les choses intimes comme extérieures. De ces sons qui mettent en transe, donnent l’envie de danser, de plonger en soi-même, de vivre en bande, de casser les cloisons. Chacune et chacun sa tendance propre, sa vibration première : le rap, la techno, l’electro, le rock, le punk. Les seuls artistes que nous avons toutes et tous écouté en boucle c’est Nirvana et David Bowie, même si ce n’est pas ce qui s’entend aujourd’hui le plus dans le son d’Akira & le Sabbat. De prime abord du moins.
Pendant toutes ces années de découvertes en tous genres nous n’avons pas beaucoup dormi. Nous avons vu, vécu, partagé tellement de concerts. Nous avons dansé dans les free parties et les clubs techno. Nos corps libérés, débridés, frénétiques. Nous avons tout essayé pour repousser les limites, agrandir l’espace. Nous sommes parfois passé∙es pas bien loin du gouffre.
Un esprit avant d'être un groupe de musique
Akira & le Sabbat, c’est notre soif de liberté, notre besoin de décloisonnement. L’échappée hors d’un cadre trop étroit pour contenir les mille désirs qui nous animent dans cette époque étouffante. Les punks avaient pour idéal politique, pour utopie, le No Futur. Nous, nous avons la sensation, la conviction, que nous sommes né∙es réellement sans aucun avenir, sans aucune possibilité, sans aucune route devant nous. Et ce n’est pas notre choix. Pas notre idéal. Notre génération est sans doute celle qui va se prendre le mur bâti décennie après décennie par les générations précédentes. Le mur social, écologique, économique, politique.
La liberté
Nous nous tenons debout, en équilibre sur l’ultime rempart qui fait de l’avenir une impasse : nous faisons face au vide, et tournons le dos au monde agonisant par trop de plaies béantes. Et nous dansons. Nous nous abandonnons à la fête, les poings serrés, pour oublier que depuis notre naissance tout est en feu autour de nous. C’est notre sabbat, notre communion, notre rite, l’ivresse de nos corps, notre parole qui claque comme les pavés de la colère, pour narguer tous les semeurs∙euses d’apocalypses, et retrouver la vie, l’espoir. L’illusion d’un avenir. Comme si deux hommes ou deux femmes s’embrassaient avec la langue devant la Manif pour Tous. La révolte par l’amour. Nous libérons nos corps, nous survolons les genres pour nous définir en nous-mêmes, et non par ce qu’on croit savoir de nous. Nous reprenons le pouvoir. Nous nous libérons des chaînes sociales, des définitions imposées par une identité programmée dès la naissance, subie. Ce souffle, cette vision du monde, cette envie, nous les revendiquons, nous voulons les partager, les ouvrir.